Bercy demande une plus grande transparence sur les frais des Plans d’épargne retraite (PER)
Lancé il y a tout juste deux ans, le plan d’épargne retraite (PER), produit d’épargne à long terme qui permet la constitution d’un complément de retraite par capitalisation, rencontre un vif succès. C’est ce qu’a indiqué Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, au cours d’un point presse donné le 30 septembre dernier. Il a ainsi annoncé que 3,8 millions de PER avaient déjà été ouverts, un succès, au regard de l’objectif fixé par le Gouvernement de 3 millions de Français équipés d’un PER en 2022, et ce, avec des encours s’élevant à 29,4 milliards pour les PER individuels et 12,6 milliards pour les PER collectifs. Le succès du PER est « au-delà de nos espérances », s’est félicité Bruno Le Maire, un produit selon lui « plus attractif, plus simple ».
Cet essor s’explique par les avantages du PER : un régime fiscal attractif, la possibilité de choisir une sortie en rente ou en capital ou une combinaison des deux, encore, de récupérer son épargne en capital de façon anticipée (avant la retraite) dans certains cas de force majeure (invalidité, décès du conjoint, etc.).
Point noir cependant, les frais applicables aux plans d’épargne retraite, élevés et peu lisibles. En effet, dans un rapport publié cet été, le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) alertait sur le niveau excessif des frais de versements (ou frais d’entrée) ponctionnés sur les nouveaux PER, lesquels s’élevaient en moyenne à 3,18 %. Ainsi, lorsqu’un épargnant verse 100 € sur son plan d’épargne retraite, seuls 96,82 € (100 € - 3,18 €) seront effectivement versés sur le plan.
Frais de gestion, frais d’arbitrage, fais sur arrérage, frais de transfert, etc., de nombreux frais affectent le rendement annuel du PER. Bémol, il n’y a pas d’information disponible avant la souscription pour que les éventuels souscripteurs puissent comparer les différents contrats. Et lorsqu’il y a des indications sur le montant des frais, elles peuvent être exprimées en pourcentage ou en euros, ce qui rend la lisibilité complexe.
« Les acteurs du marché prennent des commissions ou frais excessifs et il est nécessaire de prendre des mesures pour les faire baisser. Nous sommes dans un moment où la question du pouvoir d’achat préoccupe nos compatriotes et nous assumons notre rôle de gardiens de l’ordre économique en cherchant à faire baisser les frais partout où cela est possible », a ainsi déclaré Bruno Le Maire.
Afin de baisser les frais et d’améliorer leur lisibilité, le Gouvernement envisage la mise en œuvre d’un « accord de place », incitant les assureurs et banquiers à fournir aux épargnants un récapitulatif de l’intégralité des frais appliqués, exprimés en pourcentage de l’encours pour chaque produit, en amont de la souscription, puis à titre annuel.
Il n’y aura pas donc pas de mesure contraignante appliquée, Bercy indiquant : « on ne réglemente pas les prix dans notre ministère. Il existe sur le marché des propositions commerciales de qualité et peu coûteuses. Notre objectif est de ramener les contrats les plus éloignés de celles-ci dans le rang et d’éviter qu’ils ne contaminent négativement l’image du PER ».
Enfin, contrairement aux recommandations du CCSF, il n’y aura pas de mise en place d’un comparateur officiel des frais des PER, à l’instar de ce qui existe pour les frais bancaires.









